Objectif Lune à la médiathèque
Article paru dans L’Est Républicain - le 05.10.2008
en page / VANDŒUVRE ET GRAND NANCY / VANDŒUVRE
Parcours atypique que celui de Philippe Berthelot. Dès la maternelle, il se plaît à raconter des histoires, passion qui
ira crescendo avec notamment la découverte de l’écriture. Sa famille lui déconseille les études littéraires, alors il entrera à l’école de chimie de Nancy. Une fois diplômé, il travaille pour des
sociétés de service spécialisées dans l’informatique industrielle appliquée aux industries chimiques. Il officiera notamment pendant une douzaine d’années pour une société américaine qui
travaille sur l’intelligence artificielle. Pendant ce temps, son goût pour l’écriture et le spectacle ne se dément pas, d’autant qu’il suit en parallèle des formations au Centre de littérature
orale (CLIO) de Vendôme.
Les grandes aventures du monde moderne
Survient l’éclatement de la bulle internet, et son entreprise périclite. Philippe Berthelot se tourne alors vers ce qu’il a toujours voulu faire. Il se passionne pour les épopées, celles du temps jadis, mais aussi les grandes aventures du monde moderne. Lui-même se définit comme un « explorateur de l’imaginaire », « un conteur passionné de littérature et d’histoire des sciences », une manière de combiner sa formation scientifique initiale et ses premières amours. En 2007, il met en mots l’histoire de Louis Pasteur, suivie, en 2008, par celle de Marie Curie, présentée au Festival Sciences sur scène de Paris. Après cela, il a voulu se pencher sur une série de voyages dans la Lune, trouvés dans la littérature classique, et sélectionnés parmi trois auteurs : Lucien de Samosate, rhéteur et satiriste syrien qui écrivait en grec ; Ludovico Ariosto, dit L’Arioste, poète italien de la Renaissance et enfin Cyrano de Bergerac, écrivain, poète et libre-penseur français, immortalisé par Edmond Rostand dans son ouvrage éponyme. Philippe Berthelot se dit intéressé « par tout ce qui touche à l’imaginaire », « les grandes découvertes scientifiques » et globalement, par « ceux qui ont eu l’audace d’aller au-devant des idées dominantes de leur époque ». Il s’adresse à un public très varié, dès la maternelle et le primaire pour les contes dits « traditionnels », pour les plus grands et les adultes pour les contes plus « thématiques » comportant des « tranches scientifiques ». Un pari grandement réussi ! Pendant une heure et demie, le conteur décrira le plus beau, le plus grand des voyages possibles : celui qui ne connaît aucune limite car il vit dans la seule imagination. Avec verve et entrain, il rapporte les folles élucubrations de Lucien, l’épopée loufoque, à la fois métaphorique et poétique, du Roland Furieux de L’Arioste, sans parler de la prose fantasque de Cyrano, racontée avec humour, et soulignée par de grands gestes emphatiques. Dans la salle, on entendait les mouches voler. De grands yeux écarquillés ponctuaient chacune des phrases du conteur. Et pendant quelques minutes, une fois les lumières rallumées, il fut difficile de reprendre prise avec la réalité.