Pourquoi un professionnel plutôt que des amateurs ?
Certaines écoles ont parfois recours à des associations d'amateurs, sous pretexte que cela reviendrait moins cher que des professionnels.
Parfois, le seul fait qu'une prestation soit facturée suffit à faire croire à des enseigants qu'ils ont affaire à des professionnels alors que ce n'est pas le cas.
Voici quelques remarques que je soumets à la réflexion des enseignants, en charge de l'éducation citoyenne et de l'éducation artistique de leurs élèves.
POUR UNE DEMARCHE CITOYENNE
Un conteur professionnel est effectivement un peu plus cher. Pourquoi ?
En pratique, il lui revient à peine 50% du montant d'un cachet.
Une grosse moitié de son cachet contribue à payer:
- la sécurité sociale pour tous ceux qui en ont besoin,
- les retraites,
- la CSG,
- la formation d'autres artistes,
etc.
autant de contributions à la vie sociale et citoyenne.
Ils paient ensuite des impôts dont une partie sert... à financer les écoles et à payer les enseignants !
Si les pratiques amateurs concurrencent de façon déloyale le travail des professionnels, ceux-ci vont se trouver rapidement au chomage, dans l'impossibilité quasi totale de retrouver un emploi, car, dans un CV adressé à une entreprise, l'activité de "conteur" n'est certainement pas des plus porteuses !
DANS UNE DEMARCHE CITOYENNE ET SOLIDAIRE ...
... FAITES INTERVENIR DES PROFESSIONNELS !
A bien des égards, conter dans une école pour s'occuper et se distraire, au risque de détruire l'emploi et le métier de professionnels, c'est encore bien plus violent que de délocaliser des emplois en espérant sauver une entreprise, chose qui pourtant choque beaucoup de monde de nos jours !
POUR LE RESPECT DE L'ART DU CONTE
Demanderiez-vous à un musicien ou à un chanteur amateur d'intervenir dans une classe pour initier les élèves à la musique ?
Pourquoi cela se fait-il parfois pour le conte ?
Parce que l'art du conteur est assez mal connu. Si un conteur "conte faux" ou conte de mauvaises histoires, bancales, sans aucun respect de la tradition orale et des règles de l'art du conte, peu de gens s'en aperçoivent, alors qu'un musicien qui joue faux, cela s'entend très vite !
Pour que l'art du conte continue à exister, à progresser, à s'enseigner, il faut des professionnels, bien formés, rémunérés par un salaire décent.
POUR LE RESPECT DE LA LEGALITE
Les interventions d'amateurs dans un secteur professionnel sont à la marge de la légalité.
Pour toute activité rémunérée, vous devez, légalement, faire appel à des professionnels dès lors qu'il en existe dans votre secteur géographique.
Les associations d'amateurs n'ont pas le droit, légalement, de vous démarcher et de vous faire des propositions commerciales. Elles doivent obligatoirement et clairement vous faire part de leur statut amateur.
Si la prestation est rémunérée, il peut, légalement, y avoir présomption de salariat déguisé.